trêve

trêve

trêve [ trɛv ] n. f.
• déb. XIIIe; true, triveXIIe; frq. °treuwa « contrat, traité »
1Cessation provisoire des combats, pendant une guerre, par convention des belligérants; interruption des hostilités. cessez-le-feu. Demander, accepter, violer une trêve. « la véritable paix, la paix finale, elle est peut-être encore éloignée; mais une trêve est vraisemblablement assez proche » (Martin du Gard). Féod. Trêve de Dieu : cessation des combats imposée par l'Église aux princes combattants (pendant l'Avent, le Carême et Pâques).
Par ext. Interruption dans une lutte quelconque. Trêve politique. Loc. Trêve des confiseurs : arrêt de l'activité politique, diplomatique, pendant les fêtes de Noël, du nouvel an.
2Fig. (1621) Arrêt de ce qui est pénible, dangereux. relâche, répit. S'accorder une trêve. pause. Faire trêve. interrompre. Tous « faisant encore trêve à leurs haines, se promirent union et fraternité » (Michelet). La vie, « bataille sans trêve et sans merci » (R. Rolland). Sans repos ni trêve.
Loc. adv. SANS TRÊVE : sans arrêt, sans interruption. ⇒ continuellement. « Elle nous suivit sans trêve pendant plus d'une heure » (Loti).
Loc. prép. TRÊVE À (vx), TRÊVE DE (mod.) :assez de... « n'y songeons plus, et trêve aux rêvasseries ! » (A. Daudet). Trêve de plaisanterie ! parlons sérieusement. « Allez ! Trêve de sous-entendus. Tu as encore fait une bêtise » (Anouilh).
⊗ CONTR. Continuité, occupation.

trêve nom féminin (ancien français trive, du francique treuwa, pacte) Cessation temporaire de tout acte d'hostilité : Violer une trêve. Suspension d'attaques quelconques : Mettez une trêve à vos disputes. Temps d'arrêt dans quelque chose de difficile, de pénible : Ses affaires ne lui laissaient aucune trêve.trêve (citations) nom féminin (ancien français trive, du francique treuwa, pacte) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Trêve, mes tristes yeux, trêve aujourd'hui de larmes. Attila, IV, 6, Ildione trêve (difficultés) nom féminin (ancien français trive, du francique treuwa, pacte) Orthographe Avec un accent circonflexe. ● trêve (expressions) nom féminin (ancien français trive, du francique treuwa, pacte) Trêve de, assez de, cessons cela : Trêve de plaisanteries, il est temps d'agir. Trêve de Dieu, aux Xe et XIe s., suspension des guerres féodales prescrite par l'Église pendant certains jours de la semaine et certaines périodes de l'année.

Trêve
(Côte de la). V. Côte de la Trêve et émirats arabes unis (Fédération des).
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Trêve
n. f.
d1./d Suspension temporaire des hostilités entre deux belligérants.
d2./d Relâche dans le développement de comportements hostiles ou pénibles. Faisons trêve à nos querelles.
|| Sans trêve, sans trêve ni repos, sans paix ni trêve: sans un instant de repos.
|| Loc. Trêve de: assez de. Trêve de plaisanteries.

⇒TRÊVE, subst. fém.
A. — 1. Cessation des hostilités, suspension d'armes pendant un temps déterminé en vertu d'un accord entre deux puissances ou deux partis en guerre. Courte, longue trêve; trêve loyale; rupture d'une trêve; accorder, demander, établir, imposer, signer une trêve; violer la trêve. Lors du siège de Sébastopol, dans les trêves entre les deux armées, on donna des bals où les officiers français tentèrent de plaire à des femmes russes (GONCOURT, Journal, 1888, p. 790). Vos compagnons et mes conseillers viennent de s'entendre sur les termes du traité. Nous concluons une trêve de dix ans, dix mois, dix jours et dix heures (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 20).
Faire trêve. Il fut un temps où, dans la guerre, on faisait trêve pour enterrer les morts et recueillir les blessés (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 15).
COMM. Trêve marchande (vx). Trêve durant laquelle le commerce est permis entre deux pays en guerre. (Dict. XIXe s.). Trêve de pêche (vieilli), trêve pêcherie (vx). ,,Convention que peuvent faire deux puissances belligérantes ennemies, de respecter les navires de pêche, et de leur laisser leur industrie`` (BONN.-PARIS 1859).
HIST. (Moy. Âge). Trêve de Dieu. Institution de paix par laquelle l'Église limitait les guerres privées en interdisant toute hostilité entre seigneurs du mercredi soir au lundi matin et à certaines époques de l'année (Avent, Noël, Carême, Pâques). L'Église en profita [du renouveau de l'esprit religieux] pour imposer les règles qui limitaient les guerres privées et le brigandage: ce fut la trêve de Dieu (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 53).
2. P. anal. Suspension provisoire d'un conflit entre des personnes. Trêve politique, sociale. Il y avait entre les deux hommes une trêve tacite, comme une étude réciproque, de plus en plus bienveillante (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 71).
Fam. Trêve des confiseurs. V. confiseur B 2. Mon cher Vanier, Maintenant que voici passée « la trève des Confiseurs », recausons un peu... pas d'argent (...) parlons littérature (VERLAINE, Corresp., t. 2, 1892, p. 195).
B. — Au fig. Suspension, arrêt d'une action; arrêt dans le déroulement de ce qui est dur, pénible, dangereux. Synon. relâche, répit. Trêve hebdomadaire, paisible; trêve du dimanche; trêve d'une maladie; une heure de trêve; s'accorder une trêve. Elles ont enfin le temps de se sourire et de vivre un instant pour elles-mêmes dans la trêve de la vie dure et quotidienne (MAETERL., Trésor humbles, 1896, p. 79). C'était une trêve délicieuse; pendant deux heures j'avais l'illusion de n'être plus prisonnier (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 327).
Interj. Trêve, donc!... Paix, là, mes chéries... Point de querelles! (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 121).
Expressions
Ne pas avoir, ne pas laisser de trêve. Ne pas avoir de fin, ne pas laisser de répit. Presque toutes les femmes n'avaient pas de trêve dans leur effort pour lutter contre l'âge et tendaient, vers la beauté qui s'éloignait comme un soleil couchant et dont elles voulaient passionnément conserver les derniers rayons, le miroir de leur visage (PROUST, Temps retr., 1922, p. 947).
N'avoir ni repos, ni trêve; n'avoir ni paix, ni trêve; n'avoir ni trêve, ni relâche. Ne pas avoir un instant de répit. Les paysans ne sont pas si fous que d'aller s'établir précisément sur le passage des soldats. Ils n'auraient ni trêve ni repos et finiraient par mourir de faim (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 204).
Faire trêve à (qqc.). Cesser, suspendre, interrompre (quelque chose) pour quelque temps. Faire trêve aux railleries. Scapin, il me faut tenir à deux mains ma vaillance, faire trêve aux duels, guerres, massacres, dévastations (...). Je me repose (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 115).
Locutions
Trêve de, loc. prép. Assez de. Trêve de bavardage(s), de cérémonie(s), de simagrées, de plaisanterie(s). Rabagas, en bon garçon: (...) Voyez comment je vous conte mes petites affaires moi, c'est charmant! Éva, sèchement: Trêve de raillerie, s'il vous plaît! (SARDOU, Rabagas, 1872, IV, 14, p. 204). Je montre mon polichinelle.Trêve de bêtises! Vous recommencerez demain la comédie avec un autre (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 467).
Trêve à, loc. prép., vieilli. Assez de. Trêve aux billevesées. Jupiter: L'Opinion publique!... les mortels!... Mes enfants, trêve à nos dissensions intestines! (CRÉMIEUX, Orphée, 1858, I, 6, p. 48).
Sans trêve
Loc. adj. Qui ne comporte pas de répit, de repos. Synon. incessant, perpétuel. Bataille sans trêve; sans trêve ni repos. Les spéculations les plus sûres échouaient misérablement. Ce fut un combat sans trêve ni merci (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 58).
Loc. adv. Sans arrêt, sans cesse, continuellement. La pluie qui tombe sans trêve, attriste encore ce désert (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 314). Ces femmes, qui ont toujours un tricot entre les doigts, et qui remuent sans trève les aiguilles (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 754).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: treve; 1740-1762: trève; dep. 1798: trêve. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 triwe « suspension temporaire des hostilités entre belligérants » (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, 565 ds T.-L.); ca 1165 trieve (Troie, 24271, ibid. [rime avec grieve]); 1732 trêve de Dieu (Trév.); b) 1690 « suspension d'attaques (en gén.) » (FUR.); c) ca 1874 trêve des confiseurs (d'apr. J.-V.-A. DE BROGLIE, Mémoires, t. 2, Paris, 1941, p. 330); 1885 (L'Illustration, 14 nov., p. 328b ds QUEM. DDL t. 17); 2. 1424 faire trêve à qqc. « interrompre momentanément » (ALAIN CHARTIER, La Belle dame sans merci, éd. A. Piaget, 381); 3. a) 1621 au fig. « suspension d'une action pénible, dangereuse » (CAMUS, Agathonphile, éd. P. Sage, p. 6); b) 1633 trêve de (CORNEILLE, Mélite, éd. M. Roques et M. Lièvre, I, 1, v. 52); c) 1770 sans trêve « sans arrêt, sans relâche » (ROUSSEAU, Confessions, VIII ds Œuvres compl., éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 352). De l'a. b. frq. treuwa « contrat, convention », cf. le m. néerl. trouwe, « fidèle; fidélité », l'a. h. all. triuwa « fidélité », le m. h. all. triuwe « fidèle; fidélité », all. treu « fidèle », Treue « fidélité ». La graph. e est att. dep. ca 1339-48 (Isopet I, XXVI, 38 ds Rec. gén. des Isopets, éd. J. Bastin, t. 2, p. 246 [rime avec feve]), é ds POMEY 1671, ê ds MIÈGE 1677, puis Ac. 1798. Trêve de Dieu est la trad. du lat. médiév. trewa Dei (1037-41 ds NIERM.). Fréq. abs. littér.:787. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 076, b) 1 127; XXe s.: a) 1 272, b) 1 059. Bbg. GUINET 1982, p. 77.

trêve [tʀɛv] n. f.
ÉTYM. V. 1207; trive, v. 1155; true, v. 1138; du francique treuwa « contrat, traité ».
1 Cessation provisoire des combats, pendant une guerre, par convention des belligérants; interruption des hostilités. Cessez-le-feu; abandon, suspension (d'hostilités). || Demander, accepter une trêve. || Signer la trêve. || Trêve suivie d'une paix. Armistice. || Paix passagère considérée comme une trêve (→ Paix, cit. 22; reprendre, cit. 4).Hist. || Trêve de Dieu : cessation des combats imposée par l'Église aux princes combattants (pendant l'Avent, le Carême et Pâques).
1 Pendant les jours saints de chaque semaine (du mercredi soir au lundi matin), toute guerre était interdite : c'est ce qu'on appela la paix, plus tard la trêve de Dieu.
Michelet, Hist. de France, IV, I.
2 (…) la véritable paix, la paix finale, elle est peut-être encore éloignée; mais une trêve est vraisemblablement assez proche.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 259.
(1690). Interruption dans une lutte. || Trêve politique. || Trêve tacite. || Trêve chez les grévistes. — ☑ (1874, in D. D. L.). Loc. Trêve des confiseurs : arrêt de l'activité politique, diplomatique, pendant les fêtes de Noël, du Nouvel An.
2 (1426, triefve). Arrêt de ce qui est pénible, dangereux. Relâche, répit. || S'accorder une trêve, une courte trêve.Faire trêve : s'interrompre. || Faire trêve à ses haines (→ Promettre, cit. 21).
Plus cour. || Sans trêve. || La vie, bataille (cit. 17) sans trêve et sans merci. || Un avenir d'humiliation sans trêve (→ Ouvrier, cit. 4). || Sans repos ni trêve (→ Parallèle, cit. 7). — ☑ N'avoir ni paix ni trêve : n'avoir pas un moment de repos, de tranquillité.
3 Alors, sans nulle trêve, à toute heure, en tous lieux,
Votre belle effigie erre devant mes yeux (…)
Ronsard, Élégies, II.
4 Rompre la trêve qu'il s'était accordée, laisser le tragique des événements saccager cette joyeuse confiance qui, ce soir, lui rendait la vie si belle… Non !…
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 167.
Loc. adv. Sans trêve : sans arrêt, sans cesse, sans interruption. || Elle nous suivit sans trêve pendant une heure (→ Échelle, cit. 25). || Marcher sans trêve. || Un feu caché, brûlant sans trêve au-dedans de lui (→ Consumer, cit. 11; et aussi braquer, cit. 2; 1. chant, cit. 5; couche, cit. 8; grincement, cit. 4; hurler, cit. 13; jaillir, cit. 14).Très fréquemment, en refaisant toujours la même chose, sans relâche. || Elle se plaint sans trêve. || Nous avons beau nous élancer sans trêve… (→ Casanier, cit. 2).
Loc. prép. Vx. Trêve à… : assez de. || Trêve aux billevesées (cit. 4), aux paroles ! (→ Larmoyant, cit. 2).
5 (…) n'y songeons plus, et trêve aux rêvasseries ! Pour moi, il ne s'agit plus d'être heureux dans la vie (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XVI.
Loc. prép. Mod. Trêve de… : assez de.Trêve de plaisanterie ! : cessez, cessons de plaisanter.
6 Trêve, mes tristes yeux, trêve aujourd'hui de larmes !
Corneille, Attila, IV, 7.
7 — (…) je vais te donner une preuve de confiance absolument gratuite. — Ce serait bien la première fois ! Allez ! Trêve de sous-entendus. Tu as encore fait une bêtise.
J. Anouilh, Ornifle, II, p. 100.
CONTR. Continuité, occupation.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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